Hervé miguet

Le bon exemple à ne pas suivre

Bonjour, je m’appelle Hervé et je suis drogué.
(Boooonjour Hervé)
Je vois vos sourires, je lis dans vos pensées : “on sait que tu es accro au sexe.” Établissons que oui. À tel point que c’est devenu pour moi un outil de développement personnel, d’accomplissement moral et de mieux-être dans la société. Là où vous ne voyez guère plus qu’un plaisir éphémère, voire un devoir à accomplir qui nécessite de créer une excitation et/ou mise en train avec alcool et/ou pensées érotiques incluant un ou une inconnue en maillot de bain dans un train avec une rose entre les dents et qui dit “mi amore” en se léchant langoureusement les lèvres.  Là, déjà, je vous ferais remarquer que se lécher les lèvres avec une rose entre les dents, ce n’est pas facile. Ensuite, sérieux, nous savons vous et moi que vos fantasmes sont inavouables.
Donc, pour moi, explorer mes fantasmes est une façon de mieux vivre et de fusionner avec l’autre au naturel. Et avant de fermer cette parenthèse, je fais bien la différence en le plaisir du sexe et le forçage. J’avancerais même que mes préceptes moraux sont plus forts que d’autres personnes car j’ai beaucoup réfléchi à l’idée de consentement. Bref, j’érige la sensualité et autres joyeusetés du même ordre non pas au niveau de l’addiction mais à celui de développement spirituel. Le sexe et les nombreuses façons de s’y adonner sont des moyens de rejoindre l’autre, se sentir en accord avec soi-même, se découvrir profondément. Il y a l’amour, le sexe, en parler, le comprendre, les façons de le faire, accepter l’autre, etc.…Le sexe n’est pas qu’une formalité ou un moyen de reproduction, ni une récompense. Le sexe a été bridé socialement il y a plus de 200 ans comme un moyen de contrôle de la population. Pourtant, être à l’écoute de l’autre et de ses envies, accepter ses fantasmes et leurs réalisations et un des meilleurs moyens d’être bien. Et surtout s’y intéresser permet d’éviter les vraies déviances comme l’emprise, le droit de cuissage, le viol, le harcèlement, la pédophilie. On devrait apprendre pas seulement la reproduction mais comment développer sa personnalité au travers et avec la sensualité tout en évitant les écueils. Si le sexe ne vous rend pas heureux, c’est que vous le faites et le pensez mal. Bref. Le sexe n’est pas une addiction, c’est un art de vivre.
On peut fermer la parenthèse ?

 

Si on parlait sérieusement quelques instants.

 

Je suis un addict. Et je pense que je serais toujours fragile. Ce n’est pas le cannabis, l’alcool ou la coke ou toute autre substance illégale ou qui devrait l’être. Je suis accroc à des substances légales que l’on nous incite à absorber régulièrement ou que l’on introduit dans nos aliments.


Ma première addiction est certainement la cigarette. J’ai commencé vers l’âge de 20 ans à New York. On fumait dans les bureaux, dans les restaurants. Ma première marque s’appelait Alpine. Des menthols. J’ai beaucoup crapoté au début. Je fumais par nervosité. À cet âge j’ai eu la chance d’être employé à Antenne 2 où on a organisé des tournages comme Champs Elysées. Et j’étais DJ. Grosse pression pour un gamin de 20 ans. Fumer était dans l’air du temps. Je fumais non seulement pour me donner une contenance mais aussi pour me calmer.
De retour en France je suis passé à un paquet par jour.
25 ans plus tard, à Marrakech, j’ai réussi à arrêter 1 an et j’ai repris. Toujours à cause de la pression que je subissais. Puis il y a 4 ans, je me suis motivé, comme la première fois, pour arrêter du jour au lendemain. En suivant les préceptes du “3”. Il faut tenir 3 heures, puis 3 jours, 3 semaines, 3 mois, 3 ans. En connaissant le processus de sevrage, les réels besoins en nicotine et en utilisant quelques ficelles, on peut arrêter du jour au lendemain. Sans patch, sans hypnose, sans vapoteuse ni acuponcture ou chewing-gum. C’est même la façon la plus facile car vous cassez votre dépendance en moins de temps. Plutôt que de prolonger votre addiction et vous rendre malheureux. Ce n’est pas qu’une question de volonté, mais d’envie. 


Donc il y a bientôt 4 ans j’attendais l’hiver pour choper un petit ou gros rhume afin de commencer l’arrêt de la cigarette. Le plus dur étant effectivement les 3 premiers jours, un petit virus qui vous fait tousser et renifler est un bon soutien. Bon, il s’avère que ce fut mon AVC qui survint avant le rhume. Ça marche aussi. Parce que l’environnement hospitalier, les vomissements, la perte d’équilibre sont une excellente distraction pour passer ces 3 jours, puis 3 semaines sans cigarette. Sans compter que les docteurs vous interdisent de fumer si vous voulez éviter les récidives.
De retour à la maison, le décès de mon père a bien failli me faire reprendre la cigarette. Ce 31 octobre 2019, je suis descendu rapidement à mon tabac favori pour acheter une vapoteuse goût chocolat et nicotine réglée à la moitié du minimum (1,5 pour les connaisseurs). Et j’ai tenu comme cela en gardant en tête que je devais arrêter cela aussi. Malgré le fait que peu de choses vous encouragent vraiment à arrêter la vapette qui a cette aura “cool et bon pour la santé”. J’ai même croisé un vendeur de E-liquide de 22 balais qui m’a dit, tout étonné et sincèrement, “bah pourquoi arrêter l’E-cigarette ?”. Comme si on avait enfin trouvé la solution idéale pour éradiquer le cancer.

 

Au bout de deux ans, la veille de mon opération de réduction de l’estomac, j’ai décidé aussi d’arrêter l’E-cigarette comme la cigarette : du jour au lendemain.
L’histoire pourrait être simple, presque banale et s’arrêter là mais la réalité est autre.
Après mon AVC j’ai pris 40 kilos. Stress, arrêt de la cigarette, médicaments, mauvaise volonté et mauvais suivit médical. Mon obésité éclatant le morbide fut un moment extrêmement douloureux de ma vie. Laurianne n’a pas failli dans son soutien même si elle était impuissante à m’aider à contrôler ce poids qui m’alourdissait chaque jour.
Outre le manque d’énergie dû au surpoids qui prenait la suite des séquelles de l’AVC, j’ai eu du mal à accepter les bons conseils. Du genre va faire du sport. Va trottiner un peu. Un peu de gainage ? Au moins marcher un quart d’heure par jour ? Non. Pas quand ton corps te fait souffrir pour te lever du lit. Pas quand tes nuits ne sont pas réparatrices. Pas quand tu as besoin d’une attelle au genou et d’une canne pour te dandiner. Quand je marchais, je ressemblais à une baleine sur une ligne de Slack dont on se demande ce qui va lâcher en premier. L’équilibre, les os, le cœur ? Ce surpoids horrible où tu n’as plus besoin de te regarder dans la glace pour savoir que tu es laid, handicapé et ridicule. Monter une volée de 15 marches est une aventure presque impossible. Faire des courses se fait en drive. Cette circonférence impossible à vivre qui crée des problèmes intimes tellement pathétiques. Impossible d’enfiler des chaussettes ou de lacer des chaussures. La douche est trop étroite, il faut utiliser une brosse pour pouvoir faire le tour de ta biasse. Se préparer pour aller quelque part prend une heure. Tu n’es même pas essoufflé ou transpirant, ton corps ne fonctionne simplement plus. Tu n’es qu’une immense panse graisseuse et gémissante dont chaque geste est désespérément lent et maladroit. Tu ne touches plus ta compagne non seulement parce que tu ne peux plus physiquement mais en plus tu n’en as plus envie. Tu n’es qu’un immense escargot qui ne rêve que de rentrer dans sa coquille et qui n’en sort que par nécessité.


Tu ne comprends pas pourquoi les gens ne te félicitent pas d’arriver à bouger et vivre avec sur toi l’équivalent de 36 bouteilles d’eau de 1,5 litre. Ou 6 packs de 6 bouteilles. En permanence. À tel point que si on m’avait demandé “tu préfères peser 140 kilos ou avoir 8 canards qui te suivent en permanence ?” J’aurais répondu sans hésiter huit canards. “Tu préfères peser 140 kilos ou avoir des bras en mousse de 2 mètres en permanence ?” Des bras en mousse. Parce qu’avec mon obésité je n’étreins déjà plus rien . Une de mes préférées d’ailleurs de Pierre Palmade, bien avant qu’il n’imite Erton Senna dans des gens, est “tu préfères être un hippopotame avec le cerveau d’Einstein, et donc personne ne le sait, ou, poser pour Vogue et avoir le QI d’un saucisson, et là tout le monde le sait ?”. Bah voilà, je suis les deux. Un hippopotame avec un QI de saucisson. Tu réfléchis doucement, tu as des migraines et tu dois te reposer en dormant souvent et, en plus, tu te meus comme une limace obèse avec des rhumatismes.
Alors quand tu croises des gens, tu reçois ce regard fuyant ou légèrement complaisant. Mais c’est normal. Car le pire ce ne sont pas les difficultés de la vie quotidienne. Ni même ton moral en berne car tu ne le sais pas. 


Le pire c’est la douleur. Permanente, fluctuante, localisée ou générale. Je comprendrais trop tard que je détruis mon estomac avec l’ibuprofène. Même si je mange pour éviter que l’acide attaque. Belle excuse pour continuer de s’empiffrer. Même si mon docteur me dit qu’il faut arrêter. Alors tu fais des pauses et tu oscilles entre anti-inflammatoire et douleur. Et tu dis enfin que tu n‘en peux plus. Que tu as trop mal. Alors on te fait des radios. Et on constate que, oui, le genou est en mauvais état que toutes les lombaires ont les disques écrasés en plus des becs-de-perroquet. Arthrose du genou et des lombaires dès 51 ans. En avance sur mon temps, comme d’habitude. Oui, c’est normal de ne pas pouvoir faire d’activité physique même sans surpoids dans cet état. Je commence à comprendre des choses sur moi. Pourquoi quand je bricolais ou que je bougeais des meubles depuis des années déjà, j’étais perclus de douleur au dos durant des jours. Je n’étais pas fainéant, j’étais fragile.
Bref, je suis mûre pour ma prochaine addiction : le Tramadol. Molécule qui s’entend très bien avec moi dès la première prise. Elle me dit qu’elle est enchantée de me connaitre et qu’elle va me soulager. Ce qu’elle fait.

De manière plutôt intelligente, je m’inquiète rapidement de l’addiction au Tramadol en prenant conseil auprès de plusieurs autorités médicales qui ont tendance à me rassurer : je n’en prends pas régulièrement et seulement quand j’ai mal et les doses sont encore “acceptables”. Ce dont je ne m’aperçois pas c’est que la douleur augmentant, je prends petit à petit de plus grosses doses. J’irais jusqu’à 400 milligrammes certaines fois pendant deux ou trois jours, peut-être plus. Je commence subtilement à m’inquiéter un soir alors que mon stock est épuisé. Je ne dors pas de la nuit, mon corps est pris de soubresauts et je suis en sueurs. Je me dis qu’il faut diminuer la dose. Ce que je vais commencer à faire mais un autre symptôme de l’addiction que je ne connaissais pas commence à apparaitre : la douleur créée par le manque. C’est dire que j’ai des douleurs aux endroits habituels mais seulement générée par le manque. Bon an mal an, je jongle avec le Tramadol sans trop savoir ce qui vrai et ce qui est faux. Pour donner une image, c’est comme se réveiller soudainement sans savoir s’il fait jour ou s’il fait nuit. Ton corps te dit qu’il fait jour, mais tes yeux ne voient pas de points de lumières. Ou le contraire, tes paupières sont lourdes comme en pleine nuit mais tu vois un rayon de lumière sous la porte. Bref, tu es perdue dans tes sensations. Comment faire pour avancer quand tu ne peux plus faire confiance à tes propres sens ? Je me suis contenté d’une cote mal taillée entre diminuer le Tramadol et en prendre quand les crises semblaient trop importantes.

 

Il me faut cependant arrêter le Tramadol avant la sleeve et ma première nuit postopératoire est un cauchemar. En plus de la douleur normale, des gaz du gonflement du ventre qui doivent s’évacuer je subis une attaque soudaine de lombalgie. Bien que l’infirmière de nuit me donne un opiacé très fort, mon corps réclame la molécule précise du Tramadol. Donc je suis techniquement incapable de sentir une douleur avec un opiacé niveau 4 et je suis pourtant encore perclus de douleur. Oui, comme le Docteur House de la série, l’intelligence en moins. Cette nuit de mon opération je me rends compte donc que mes douleurs résiduelles lombaires et genou sont entièrement dues au Tramadol. Je décide donc de me sevrer comme pour la cigarette : arrêt. Parce que prendre le médicament seulement quand j’ai mal n‘est en fait qu’une fausse information.

 

 

Cette nuit-là, 2 ans après mon AVC, à 130 kilos(je devais perdre 10 de moi-même avant l’opération), je ne me suis pas seulement senti seul mais aussi totalement dans le noir, dans l’incompréhension de ce qui m’arrivait et où je devais aller. Oui, l’opération de la réduction de l’estomac était une étape, peut être une bonne décision. Mais ce tournant se fait dans le noir. Le seul écho positif c’est que je reconnais une de mes caractéristiques principales : aller me perdre au fond des choses, me bruler complètement pour revenir.
Dans cette nuit postopératoire, alors que mon ventre me tiraille, que mes membres sont pris de soubresauts incontrôlables et que mes articulations me font mal, je m’aperçois que je suis, pour la énième fois de ma vie, à la veille d’un nouveau changement. Et, comme à chaque fois et c’est pour tout le monde pareil : on est seul face à cela.  À l’image, d’une de mes premières résurrections, 30 ans auparavant à New York.
Car j’ai eu la chance que mes parents m’offrent des études aux États-Unis et je pense en avoir fait quelque chose de positif. Mais avant que cela se transforme en une aventure grandiose, je suis passé par un moment douloureux. Comme s’il fallait se perdre, attendre, se tromper pour accoucher une nouvelle fois dans la douleur. 

 

Je débarque à Manhattan au mois de septembre 1988. Ce n’est pas ma première fois ici. J’y ai déjà passé quelques jours quatre ans auparavant. Mais c’est encore tellement nouveau, grand, impressionnant comme dans les films. Muni d’un bagage et de ma naïveté, au lieu de ma bite et mon couteau, je sais que l’on va vivre en colocation et se partager un  appartement à deux mais tout l’immeuble est rempli d’efapien. Ha oui, je suis inscrit pour ma seconde année à l’Ecole Française des Attachés de Presse option “New York”. Dans l’esprit “Friends” avant que cette série n’existe, je crois naïvement que tous les étudiants vont vivre les uns chez les autres, partager des bons moments et surtout se serrer les coudes face aux difficultés évidentes que nous devrons affronter : des cours en anglais, une ville énorme et tentaculaire, plusieurs autres cultures. Je vais déchanter rapidement. 
Mon colocataire est mon contraire : grand, plutôt expansif, féru de mode. Il pose pour être mannequin et il a effectivement une bonne gueule “so 80’s”. 
Ce que je ne savais pas et que je ne savais pas encore détecter à l’époque c’est qu’il était une folle tordue dans le déni et qu’il allait projeter sur moi tous les déchets de sa psyché. À ceux qui disent que “folle tordue” est une insulte à caractère homophobe, c’est juste que je reprends l’expression des années 80 qui, je l’avoue, n’est pas reluisante. Aujourd’hui on dirait “un homosexuel refoulé genre mâle mais maniéré féminin” ou un truc du genre. Il faut certainement que je répète à tout bout de champs que je ne suis pas homophobe. Bien au contraire. Blablabla. Parce que si c’est un billet de blog vous n’avez peut-être pas lu les autres articles. Bref, j’ai beau être un boomer hétéro cis blanc, si les déconstruits existent c’est parce que des personnes comme moi avons lu Heidegger, pensé, préparé le terrain et entamé vraiment la conversion. Mais c’est une autre histoire. Là je me retrouve juste avec un mec qui ne sent pas à l’aise avec sa sexualité parce qu’à l’époque la plupart des mannequins hommes doivent représenter la masculinité que l’on taxera plus tard de toxique même si Gaultier, Pierre et Gilles étaient déjà dans la place pour détourner cette imagerie. Bref…Stop aux digressions. Revenons à mon colocataire  légèrement désaxé.
Au début tout se passe extrêmement bien. Mon ouverture d’esprit et mon humour me rapprochent de mes camarades. Les semaines s’égrènent et je fonctionne à l’aspirine. Je ne suis pas doué en langue et les cours en anglais sont une torture. 


Petit à petit, de cette amitié que j’ai forgée avec des camarades, je ressens comme une distance. Ce n’est pas flagrant. Nous sommes tous un peu sous l’eau. Mais de 20 potes, je me retrouve très rapidement seulement avec un ou deux avec qui je discute. Puis ces deux derniers paraissent désormais gênés de me parler autrement que dans les couloirs de l’école. Et moi, toujours aussi naïf, je continue mes propos souvent salaces. Comme, par exemple, je m’étonne qu’une des chaines de télévision du câble soit une chaine catholique toute la journée et qu’elle devienne une chaine érotique à partir de 22 heures. Rien de porno mais érotique quand même avec 5 mn de film entrecoupé de 5 mn de publicités. Et quand je raconte cette anecdote, je vois des regards de biais. Et des réponses gênées. “Il n’y a que toi qui vois ça”. Mais non, évidemment, vous l’avez remarqué, vous n’avez pas pu rater cette chaine. C’est fou. J’insiste ne comprenant pas pourquoi je parais d’un coup radioactif. Les gens s’éloignent, physiquement. De ce jour on m’évite dans les couloirs. Comme si j’étais un putois. Je suis dans l’incompréhension. Je finis au bout de quelques jours de prendre une camarade en quatre yeux et la supplier de me dire ce qui se passe. Je n’aurais que cette réponse “tu sais très bien ce que tu as fait”.
Non, je ne sais pas. À part, effectivement, parler souvent de cul et je comprends avec le recul que cela ne plait pas à tout le monde. À part cela, non, je n’ai rien fait.
Mon colocataire bizarrement parait normal avec moi, même s’il n’est pas souvent dans l’appartement. Il est plutôt du genre à diner avec les autres justement. Il a pris ses aises par contre. Il a réquisitionné un placard de ma chambre parce qu’il a besoin d’avoir des fringues misent sur cintre. Il a aussi pris tous les tiroirs de la commode parce que c’est dans sa chambre. Je me retrouve à jongler avec ma valise et c’est un peu le bordel. Il me fait la réflexion que je dois ranger de manière impeccable car ma chambre est aussi un salon et qu’il veut recevoir du monde. Bref, petit à petit , mon monde se rétrécit. Je dois même quitter l’appartement car il reçoit des gens “que je ne connais pas”. Sans comprendre vraiment comment, ni pourquoi. Je me sens pire qu’ignoré. Je suis repoussé sans être banni, jugé sans acte d’accusation, ignoré sans explication. Mes notes en classe sont de pire en pire. Mes nuits insomniaques. J’ai un nuage noir à la place du cerveau sans comprendre ce qui se passe.
Je me laisse pousser la barbe. En classe je suis au fond et je n’écoute plus. J’ignore à mon tour mes camarades de classe. La nuit je sors très tard et je me balade dans Manhattan. J’erre dans tous les quartiers qu’ils soient cossus, mal famés ou simplement vides. Wall Street est vide dans une ambiance très Gotham. Canal Street, China Town, Little Italy dans lequel j’aspire la même ambiance que les films de Copolla. Des ruelles avec des cageots vides et des déchets où l’on s’attend à croiser Jack Burton. Greenwich et Alphabet City où se mélange restaurants, bar de jazz, vie nocturne avec faune bigarrée mais aussi un peu dangereuse. Car il y a des quartiers sans nom, des rues et des impasses vides et sinistres. Je visite des endroits incongrus.  Je les parcours par curiosité morbide comme un fantôme. Je croise les vendeurs à la sauvette de bijoux volés et de dopes. Personne ne m’agresse, personne ne m’insulte. Je passe simplement partout avec ma tête de déterré et ma démarche renfrognée, je me fonds dans le décor de l’underground. J’entrevois des choses bizarres, des gens allumés, des regards hallucinés ou mort. Je ne représente pas une menace. Je suis un figurant de ce New York que personne ne veut savoir qu’il existe.
C’est dans une de mes pérégrinations, que je passe devant East 58Th Street, entre Park et Madison avenue. Il est à peine 23 heures. C’est le Au Bar. Un night club. La soirée commence à peine. Les portes sont ouvertes et j’entends une chanson que je déteste. “Et tu chantes, chantes, chantes, ce refrain qui te plait…”. Les Débuts de Soirées. Ce genre de chanson que je classe à l’époque pas loin de “Viens boire un petit coup à la maison”. Ces chansons que je qualifie de beauf moi qui préfère de loin la New Wave, le funk, la Dance. Mais à ce moment-là, dans mon habit de fantôme, dans mon état d’esprit embrumé et perdu, cette chanson me fait l’effet d’une sirène qui m’interpelle. Je rentre dans le club et je me présente au DJ auquel je dis tout de go que je suis un DJ français. Il me demande de faire le tour pour m’ouvrir sa grande cabine et me fait ce hug typiquement américains. C’est Mark Gorbulew. Un des plus grands DJ américains reconnu pour son avant-gardisme depuis des années. Il est amical et chaleureux. Nous deviendrons amis. Il m’ouvrira les portes des clubs new-yorkais.  Durant quelque temps, je viens régulièrement dans son club pour écouter de la musique. Je fouille dans ses disques et lui propose des titres. Il apprécie mes goûts et ma culture. Nous mixons ensemble. Au mois de janvier je reviens avec des disques européens et je lui demande du travail. La semaine d’après je commence dans un autre établissement : le Bar du Théatre. Et c’est une autre aventure qui commence.
Mais surtout, à ce moment, je décide de quitter ma colocation et de prendre un autre appartement. Je m’installe dans un petit studio. Ma nouvelle vie démarre sans m’en apercevoir comme un virage à 90 degrés. À l’école, les cours magistraux compliqués à comprendre étaient terminés et nous attaquons les travaux pratiques. Dont la publicité avec des cas pratiques à créer. Bien sûr, alors que les autres étaient en groupe de 3 ou 4, je suis seul puisque personne ne veut de moi. Ma créativité fait des étincelles. Là ou tous les autres sont perdus, je commence à exceller.
Le soir, je travaille comme DJ jusqu’à 1 heure du matin. Plus tard ce sera, d’autres clubs, d’autres guests, d’autres soirées privées… 


Mais ce qui est surtout intéressant de constater c’est que ma meilleure amie qui m’avait elle aussi repoussée revient vers moi avec des questions et un lourd aveu. Tout l’entourage de mon ancien colocataire est en train de se poser des questions. Il s’avère qu’il était à l’origine de ma radioactivité. Dès la rentrée, pour une raison obscure, il a commencé à déblatérer sur moi des ignominies. Les pires inventions de son esprit ne me seront jamais révélées mais pour faire un tableau général, mon colocataire affirmait s’enfermer la nuit dans sa chambre parce qu’il avait peur de moi. Genre je me promenais tout nu dans l’appartement pour venir gratter à sa porte et susurrer des choses malsaines. Il aurait remarqué que ses caleçons disparaissaient quand il faisait la lessive. Et que même il aurait trouvé des sous-vêtements souillés de sperme dans sa chambre. Et ce n’est apparemment que le sommet de l’iceberg de l’immondice versé dans mon dos. Depuis quelques mois, il arrivait en classe en commençant par la phrase “vous voulez savoir ce qu’Hervé a fait hier ?”. Et les horreurs qu’il inventait sur moi étaient bien sûr validées par le fait que je sortais mes blagues de cul ou mes constatations sur les chaines américaines ou autres anecdotes. Le personnage du pervers paraissait crédible. Il y a d’un côté le beau mec bien dans sa peau et cool et son contraire pervers et malsain. Plus je paraissais dégueulasse, plus il brillait. 
Sauf que j’avais déménagé depuis quelques semaines et que je ne voyais vraiment plus personne. Pas le même quartier, pas les mêmes activités, pas de travail en groupe et plus invité par personne.
Donc quand il continue à arriver le matin, tout pimpant, en disant “faut que je vous raconte ce qu’à fait Hervé…”, les autres commencent  à tiquer. Et ma meilleure amie de poser la question “mais comment tu sais ce qu’il fait si vous ne vivez plus ensemble ?”. Sa réponse confuse est “je sais qu’il continue de faire cela”. Il n’a pas fallu longtemps avant qu’il ne s’emmêle les pinceaux et que les autres commencent à douter. Il a ensuite tenté de prendre un autre bouc émissaire mais le mystère fut vite éventé.
Mon amie revient donc vers moi totalement contrite pour m’expliquer tout ça. C’est au tour de mon ancien colocataire de devenir radioactif. Je fus enfin de retour en grâce auprès de mes camarades. J’ai repris le poker avec certains d’entre eux, les soirs où je ne travaillais pas. Car ma vie avait déjà changé. Un nouvel appartement, un travail de DJ, des cours enfin compréhensibles et maitrisés. 6 mois où je suis passé de la naïveté, puis à la difficulté, puis l’incompréhension, le bannissement et l’opprobre jusqu’à l’errance et enfin une porte, une lumière et une nouvelle vie. 

 


Et c’est très souvent ce schéma qui se répète dans ma vie presque systématiquement. Sauf qu’à force de subir ces traitements, le corps et l’esprit gardent des séquelles. “Ce qui ne tue pas, nous rend plus fort”, c’est une belle connerie. Ce qui ne nous tue pas laisse de profondes et durables cicatrices qui peuvent servir de leçon mais elles affaiblissent quand même.

30 ans plus tard, dans cette chambre d’hôpital subissant les affres de la douleur postopératoire, celles induites par le manque de drogue opiacée, sans compter les conséquences encore très présentes de mon AVC, je suis à nouveau dans cette incompréhension. Pourquoi suis-je, encore, dans une telle situation ? Comment en suis-je arrivé là ? Est-ce moi qui m’inflige cela et pourquoi ? Pourquoi suis-je toujours dans le même schéma de subir les situations les plus aberrantes jusqu’à la rupture ? Qu’elle est donc cette mauvaise conscience qui me pousse à souffrir autant ?


Je sais qu’en plus d’être un masochiste social, je suis aussi un garçon plutôt faible. Sensible, voire hypersensible. Mais qui a surtout du mal à dire non. Qui veut toujours faire plaisir et qui ne comprend pas pourquoi on continue de lui demander des choses jusqu’au paroxysme de l’illogisme. Jusqu’à la cassure ou le ras-le-bol.


Je suis alors dans le constat d’hypersensible qui se fait défoncer c’est simplement le revers de la médaille du créatif. Celui qui se laisse traverser des courants, qui se laissent imprégner des humeurs, des cultures et des évènements pour les transformer en idée. Ou simplement par respect de son environnement. Bref. Je me suis aperçu bien trop tard que s’imprégner de son environnement à des conséquences. On garde son intégrité bien évidemment, mais quand on n'est pas totalement adapté à un mode de vie, la dichotomie se paie.
Parmi les conséquences il y a ma santé qui en aura pâti. En vieillissant, c’est surtout le sentiment d’injustice qui fait saigner. Et le revers de cette autre médaille est aussi d’être aigri et critique envers les autres. Je ne supporte plus l’injustice et l’incompétence. Je le ressens trop fort au fond de moi et je ne peux pas m’empêcher de l’exprimer. Mais si ce qui ne nous tue pas, nous rend aigri, on a beau essayer de me marcher dessus, il reste une étincelle de vie. C’est la bonne nouvelle. Je n’arrive pas à m’arrêter d’avancer. Même si c’est au ralenti.


Je ne suis pas un alpiniste qui a perdu une jambe et qui ne pourra plus jamais gravir l’Everest. Premièrement parce que l’Everest n’a jamais été un objectif. Par contre j’ai eu l’opportunité de grimper pleins d’autres montagnes avant même que mes diverses relations commencent à marcher. Il est facile de courir désormais alors que je reprends mon souffle. Troisièmement la plus belle leçon de vie que je peux donner à mes enfants est bel et bien de montrer comment un handicapé peut continuer à vivre, être utile et surtout subvenir aux besoins de ses proches. Parce que malgré mes soucis de santé, de moral en baisse, je n’ai pas perdu la garde de mes enfants. J’ai préservé l’énergie nécessaire pour m’occuper d’eux, me lever le matin, les réveiller, faire le petit-déjeuner, les habiller, faire les devoirs, faire à diner, les doucher, les aimer, etc.… Même à 130 kilos. Même avec une canne. Même avec les lombaires bloquées. Même avec mon humeur de chien.

 

Dans cette chambre d’hôpital, en me trainant vers les toilettes parce que je n’ai que ça à faire que de pisser, je me dis que je suis un drogué en fait. Un peu à mon insu mais en tout cas conséquence de mes virages de vie. Malheureux quelquefois. Mais aurais-je vécu ces choses si je ne m’étais pas laissé imprégner de ce qui m’entoure ? Si je ne m’étais pas laissé emporter par le courant, pris le risque de me  noyer, puis de profiter de ce courant pour essayer de revenir à la berge pour saisir des opportunités. C’est pour cela que j’ai eu des entretiens d’embauche, ma première qualité n’est pas telle ou telle compétence comme le graphisme, ou un diplôme…..Mais mon premier métier c’est de m’adapter. 

 

Bref, j’ai arrêté le Tramadol en même temps que l’e-cigarette tout en suivant un protocole strict pour la remise en route de mon estomac. Pas sûr qu’à ce moment j’aurai pu le faire sans Laurianne qui a pris 15 jours loin de ses enfants pour être mon infirmière et surtout mon souffre-douleur. Car déjà que je suis un sale con, mais les douleurs de manque du Tramadol ajoutées à celle de l’estomac, la mauvaise humeur induite de l’AVC ont certainement fait de moi le pire des patients.
3 semaines. Il aura fallu 3 semaines pour que le Tramadol arrête de taper sur mes articulations, mes nerfs, irriter mon cerveau et me faire jouer la gigue la nuit.
Mais, whao, formidable. Quel homme d’avoir réussit à vaincre ses addictions. La clope, la vapoteuse, les antalgiques. Mais le combat, celui que je perds en ce moment est le plus dur, le plus insidieux.

 


Plus que la cigarette surtaxée et légale, mieux que la miraculeuse e-cigarette, pire que l’antalgique sur prescription, je vous présente la fierté d’une industrie présente dans tout ce que vous absorbez, et je dis bien “tout” puisqu’on essaie même de vous vendre de l’eau minérale aromatisée. Un élément dont on augmente petit à petit la dose dans chaque préparation culinaire pour mieux vous en rendre dépendant : le sucre. Cette saloperie de sucre. À la fois totalement nécessaire en tant que carburant pour votre cerveau mais totalement dévastateur pour votre corps. Car une fois habitué à l’absorber de manière directe sous forme de glucose, votre corps oublie comment transformer les glucides et se borne à le stocker. Si vous êtes accros au glucose, rien ne va remplacer votre besoin en énergie. La protéine va peiner à vous donner l’énergie sur le long terme. Votre corps ne va plus prendre dans votre masse graisseuse. Pire que tout : une fois déformé votre estomac à besoin de sucre pour apaiser l’acide qu’il sécrète. A un moment, le seul moyen d’avancer dans la journée c’est le sucre : un biscuit même Nutri-Score C suivit d’une boisson sucrée est nécessaire pour garder le niveau nécessaire pour réfléchir et agir. Et n’essayez pas de substituer par du faux sucre ou un fruit. Le fructose est équivalent du glucose. Et le faux sucre quel qu’il soit c’est comme mettre de l’eau dans le réservoir d’essence. Le moteur va bloquer.

Donc, mon combat contre le sucre est en cours. J’ai lu comment se désintoxiquer du sucre, je discute avec mon nutritionniste et mettons en place des stratégies. Une par exemple alors que je ne buvais que des boissons sucrées. J’essayais de choisir les moins sucrées mais j’avais besoin de ça pour enlever l’acidité de mon estomac. Acidité à un tel niveau que d’absorber de l’Oméprazole à 2 fois la dose maximale conseillée est insuffisant (oui, c’est sur prescription médicale en plus). Bref, il faut arrêter le sucre pour revenir à un environnement stomacal plus serein. J’applique donc la méthode comme pour la cigarette et le Tramadol : j’arrête du jour au lendemain. J’ai parlé à mon estomac en lui disant qu’il fallait changer et s’habituer. J’ai prévu 15 jours à 3 semaines de douleurs. J’ai trouvé l’eau minérale qui me convient (eau d’Aix Les Bains MDR). Et hop : arrêt total des boissons sucrées. Je me suis habitué en quelques jours à peine. Grosse victoire ? Pas vraiment :  j’ai pris 3 kilos en deux semaines. Pour avoir arrêté les boissons sucrées. Imaginez le coup au moral. Et ce fut la cavalcade pour reprendre jusqu’à 6 kilos. Hors de contrôle. Le sucre se venge même quand il est absent.

 

Je perds ce combat. Je regarde tous les ingrédients que j’absorbe. Je confectionne 60 % de plats que je mange. Je gère le gras, mes collations. Aucun aliment n’a plus de 11% de sucre. Je ne mange aucun hamburger, pizza ou autre malbouffe car mon estomac, de toute façon, refuse ce genre de plat désormais. 80 % de mon alimentation est du poisson frais ou assimilé. Je ne supporte plus les mayonnaises ou les aliments trop gras. Mes quantités ont diminué à tel point que je mange moins que mes enfants. Et non, il me manque encore 10 kilos à perdre. Pire, j’ai repris 6 kg après avoir touché du doigt 99 kilos. Un sentiment d’injustice grandit en moi car malgré mes efforts et ma volonté, je n’arrive pas à améliorer ma situation.

 

Je dois absolument maigrir pour ma santé. Notamment mes articulations et mes lombaires qui ne supportent plus autant de poids. Ainsi je ne peux pas faire de sport. Même marcher peut être problématique selon les jours, les circonstances. Je me suis fait un programme de TaïChi aquatique. C’est comme l’aquaponey sauf que cela devient de l’aquahippo : c’est moi l’hippopotame. Bref. Sport doux, proche du gainage, qui ne met pas la pression sur les articulations. Je pousse doucement pour un renforcement musculaire et m’assouplir. Résultat : 2 jours de douleurs pour 20 mn d’exercice. Nécessite de prendre de l’Izalgie. Un autre opiacé dont je me méfie d’ailleurs à tel point que je préfère avoir mal plusieurs jours plutôt que d’en reprendre trop souvent.


Bref, je perds la guerre de ce putain de sucre sur tous les fronts. Parce que la vérité c’est que je dois me mentir à moi-même. Comme un drogué, je dois exagérer dans mes petits gâteaux collation sans m’en apercevoir. À la fois nécessaire pour réfléchir, écrire, avancer, mais aussi continuer à me rendre accroc. Pas assez d’encadrements et de volonté pour le sport quel qu’il soit. Natation, gainage, marche, TaïChi, aquahippo.

Dans mon parcours médical pour remplir les conditions nécessaires à ma sleeve (réduction de l’estomac), j’ai découvert pleins de petites choses intéressantes. Outre que toutes mes lombaires sont en vrac et que mon genou et proche de la mort. J’ai une cloison nasale déviée depuis des lustres et ma capacité pulmonaire est diminuée de 20 % par rapport à la normale. Cela date de très longtemps et explique pourquoi je n’ai jamais été bon en endurance. On parle là depuis l’âge de mes 16 ans. Ainsi depuis le plus jeune âge, les conditions pour l’obésité étaient présentes pour que, dès que j’ai diminué le sport, l’embonpoint puisse s’installer et que l’activité pour le combattre soit plus compliquée à reprendre.

Je ne veux pas faire pitié. J’explique c’est tout. C’est la leçon de vie d’un mec de plus de 50 ans. La vie, la réussite n’est pas qu’une question de chance ou de volonté, ou de talent. La chance, je l’ai eue : un environnement familial aisé pour faire des études. Des opportunités que j’ai créées ou su saisir et transformer en expériences intenses et fructueuses. La volonté oui. J’ai toujours fait beaucoup d’heures pour finaliser, fignoler, apprendre. La volonté pour changer, m’adapter, me battre. De la force pour subir, tenir et me relever.
Et puis, petit à petit, les coups, les écueils, une base pas très saine. Repartir à zéro trop de fois. Bouger trop souvent. Un épuisement s’installe, les soucis finissent par noyer. La solitude pèse. Le manque de reconnaissance, disons le aussi, blesse. Le manque de récompense aussi. Bref. On met un genou à terre, puis deux. L’AVC a beaucoup plus de conséquences qu’on ne croit mais c’est aussi toute ma vie qui m’a conduit à ce moment.


Comme un boxeur dont la vision est troublée par les coups, on lève les poings pour se protéger et avancer dans le couloir de la destinée . On ne sait plus si les coups tombent encore ou si ce sont les séquelles qui nous ralentissent. Un premier point de mire, ceux qui comptent sur moi : mes enfants. Depuis 13 ans ils sont ma motivation principale. Ceux pour qui je respire encore, pour qui je me lève tous les matins et que j’essaie, tant bien que mal, d’éduquer, aider. Et plus que tout au monde, j’aime. Mon second objectif :  me renouveler. Mais de manière erratique l’épuisement me force à me reposer. Attendre. Comme dit Souchon, le temps hémophile coule. 

Je donne l’air de fonctionner normalement. Je parle et réfléchis presque correctement. Mais, il faut l’avouer, je souffre d’un handicap invisible. 
Certains jours, je ne me vois que comme un drogué au sucre qui a besoin de cela pour fonctionner. Quels que soient les combats que l’on a menés dans notre vie. Quelles que soient les victoires sur différents champs de bataille que l’on a pu obtenir, il y a aura toujours une qui aura raison de nous. Un adversaire tenace qui profite de blessures accumulées, une erreur de trop et des alliés qui manquent. On attend, on tient dans la tranchée, on rampe. Mais la relève ne vient pas.

 

 

Tiens, je vais me prendre un Savane chocolat classé C avec un déca classé 6 en regardant une vidéo classée X. C’est le cul qui me perdra sans doute.